REMANENCES

                        Dans un tête-à-tête avec le nuan­cier, Hernan Podesta déploie sur différents supports de subtiles vibrations de la couleur. Par ce travail, il explore les impressions que laisse l’éphémère des événements sur l’être et le défi au temps qu’oppose la fragile et fantaisiste mémoire.
                        Les photographies de l’exposition REMANENCES révèlent les traces chro­matiques laissées sur la pellicule par le temps, devenu l’allié de l’artiste. Dans son pétrissage du souvenir, la mémoire s’empare d’un détail qui échappe à l’effacement et le dilate pour en faire un trait essentiel de la scène disparue. Ainsi ces nombres sur la pellicule, tels des codes qui résument et contiennent tout le souvenir pour mieux en ouvrir l’accès.
                        Les éléments en volume, pièces sur bois peints, se dispersent : le liant entre eux s’est dissous ou bien leurs ligaments ont fini par s’user. Disjoints, ils recomposent de nouvelles formes et précipitent dans l’oubli celles du passé. La rémanence est ici couleur où affleurent les traces d'un réel révolu qui émet encore.

                                                                                                                                                                                                                                                                           Anne-Marie Judéaux



                         Hernan Podesta a amené sa pein­ture vers l'abstraction et la quête d'inten­sité colorée.
                         Dépassant le cadre de la peinture, il développe des compositions dans l'espace. Il propose un assemblage de formes découpées, entre le tableau et l'objet, qui se révèle être un jeu de construction. Ces objets peints, tels des planches de bois trouvés sont parfois collés, parfois séparés d'un vide, qui révèle une forme d'énergie, de mouvement. Ces éléments agissent ensemble tels des formes organiques qui s'attirent et se repoussent. Comme dans un paysage de constellations, les couleurs vibrent. Des écarts entre les objets, naissent des lignes : un nouveau dessin se crée dans notre esprit.
                         Dans une recherche de tension entre les couleurs, Hernan Podesta invite le spectateur à cheminer entre les formes. Son œuvre semble pouvoir être recom­posée à l'infini et être disposée en fonction des lieux.
                         Sa quête de l'abstraction se re­trouve dans une série de photographies. Hernan Podesta poursuit son travail sur le film argentique en tant qu'objet. Il s'interroge sur l'apparition de la forme quand la figuration disparaît. La couleur est traitée comme une matière picturale et les superpositions engendrent des sortes de stigmates, des traces qui révèlent la mémoire. Ainsi, l'abstraction permet au spectateur d'imaginer un parcours et de méditer. 

                                                                                                                                                                                                                                                                           Pauline Lisowski